La lutte pour la démocratie dans "l’Etat du grand Israël"

En 1967, un nouvel Etat est né au Moyen-Orient sur le territoire que les juifs connaissaient sous le nom de " terre d’Israël " et les Arabes sous le nom de " Palestine ". Cet Etat fut créé à la suite de l’unification forcée d’un certain nombre de territoires qui étaient administrés par différents Etats. Les trois zones les plus peuplées de ce nouvel Etat étaient : le territoire administré par Israël depuis 1948, la Cisjordanie, jusque-là placée sous la juridiction jordanienne, et la bande de gaza, anciennement sous administration égyptienne.

La contiguïté administrative et symbolique qui fut créée entre l’Etat d’Israël et le nouvel Etat conduisit beaucoup de gens à penser que ces deux entités politiques étaient identiques. En fait, juin 1967 produisit un tel changement qualitatif qu’il est nécessaire de considérer la nouvelle entité comme un Etat entièrement différent. Cela résulte non seulement de l’énorme accroissement territorial et du fait que sa population représentait environ 133% de celle de l’Etat d’Israël ; l’élément le plus important de tous fut la totale renonciation par le nouvel Etat à son ambition d’être essentiellement un Etat démocratique.

En vérité, l’Etat d’Israël n’était pas un modèle de démocratie. Un gouvernement militaire régnait sur ses citoyens arabes qui souffraient de discrimination par rapport aux citoyens juifs. Cela étant dit, la déclaration d’indépendance, qui était ce qui se rapprochait le plus d’une constitution pour le jeune Etat, exprimait sa volonté déclarée de fonder un régime démocratique protégeant les droits de tous ses citoyens, quelle que soit leur race ou leur religion. Dans ces conditions, la fin du gouvernement militaire en 1966 ouvrait la voie à un processus qui aurait transformé l’Etat d’Israël en la seule démocratie du Moyen-Orient.

Le nouvel Etat créé, " l’Etat du Grand Israël ", n’était pas lié par la déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël et n’aspirait pas à devenir un Etat démocratique. Les frontières de cet Etat telles qu’elles étaient présentées, par exemple, dans les bulletins météo dans la presse, à la radio et à la télévision, incluaient la totalité du territoire compris entre la Méditerranée et le Jourdain. Dans les cours de géographie et sur la " mère patrie ", les élèves des écoles publiques de cet Etat apprenaient que les frontières de leur pays allaient de la Méditerranée au Jourdain. Ensuite, au cours d’instruction civique, ces mêmes élèves apprenaient les principes de la démocratie : forme de gouvernement où le peuple élit ses dirigeants. Ce qu’on n’enseignait jamais dans ces écoles c’était le simple fait que le système de la règle démocratique ne s’appliquait que vis-à-vis de la partie des territoires que l’Etat gouvernait. Le fait qu’environ 1/4 des résidents du nouvel Etat ne jouissaient pas de leurs droits civiques, ne pouvaient pas élire leurs dirigeants ni être élus et vivaient sous un régime militaire ne figurait pas dans le plan de la leçon.

Avec le temps, il est devenu clair que la distinction entre les deux formes de gouvernement n’est pas nécessairement territoriale. Un nombre significatif de résidents du territoire placé sous l’autorité d’un Parlement élu allaient s’installer dans les zones placées sous administration militaire - la Cisjordanie et la bande de Gaza. Et, miracle des miracles, ces résidents conservaient leur droit d’élire et d’être élus ainsi que d’autres droits - qui n’étaient pas accordés aux autres résidents.

C’est ainsi que deux groupes en vinrent à cohabiter dans les zones sous administration militaire - les juifs, qui jouissaient de tous leurs droits civiques, et les Arabes palestiniens (sur les terres confisquées desquels s’installaient les nouveaux résidents) à qui l’on refusait ces droits, y compris le droit d’émigrer vers la partie civile de l’Etat. Dans les écoles de ceux qui avaient des droits, on continuait d’enseigner que la discrimination sur la base de considérations raciales, nationales ou religieuses est une chose horrible contre laquelle les êtres humains doivent lutter. Dans ce contexte, de nombreuses heures étaient consacrées à l’étude du racisme visant les juifs en Europe, alors qu’aucun cours n’était consacré à parler de la condition des non-citoyens de l’Etat, résidents de Cisjordanie et de la bande de Gaza.

Le soulèvement des habitants spoliés de " l’Etat du grand Israël " en 1987 était inévitable et allait de soi. Depuis lors, plusieurs tentatives sérieuses de résoudre le conflit ont été faites. Ces tentatives ont échoué à cause de la myopie et de l’irresponsabilité des dirigeants des deux camps, le spolié et le privilégié.

Toutefois, jusqu’à présent, les habitants spoliés continuent d’exiger désespérément leurs droits. Le fait évident que leur soulèvement comporte des attaques horribles contre des privilégiés innocents n’enlève rien à la légitimité de leur revendication de s’affranchir d’une administration non-élue.

Les gens à qui l’on a infligé la responsabilité de réprimer le soulèvement sont les élèves du système éducatif confus de l’ " Etat du Grand Israël ". D’un côté, ce système prêchait la démocratie et condamnait la discrimination fondée sur l’origine raciale et, d’autre part, il traçait des cartes qui rendaient légitime un régime raciste non-démocratique. Aujourd’hui, des centaines d’élèves appliqués qui ont appris l’essence de la démocratie dans des classes d’instruction civique exigent que ces principes soient appliqués dans la réalité ou, au moins, qu’on n’exige pas d’eux qu’ils défendent dans la pratique l’existence d’un régime non-démocratique. Pour cette action, la droite les accuse de trahison et la gauche de saper les principes d’un régime démocratique !

Il y a ceux qui ne placent pas très haut l’égalité civique et la démocratie sur leur échelle des valeurs. Avec ces gens, bien sûr, je peux tout juste établir le dialogue. Avec ceux qui croient encore en la démocratie, il est possible de discuter de la manière désirée d’en appliquer les principes - un grand Etat dans lequel tous les citoyens jouiraient des mêmes droits, ou la division en deux Etats indépendants dans lesquels les citoyens jouiraient des mêmes droits.

Il y a toutefois une chose sur laquelle il ne peut pas y avoir de discussion : quiconque refuse de participer à la négation des droits civiques de millions de personnes ne met pas la démocratie en danger. Au contraire, il se bat pour elle.En 1967, un nouvel Etat est né au Moyen-Orient sur le territoire que les juifs connaissaient sous le nom de " terre d’Israël " et les Arabes sous le nom de " Palestine ". Cet Etat fut créé à la suite de l’unification forcée d’un certain nombre de territoires qui étaient administrés par différents Etats. Les trois zones les plus peuplées de ce nouvel Etat étaient : le territoire administré par Israël depuis 1948, la Cisjordanie, jusque-là placée sous la juridiction jordanienne, et la bande de gaza, anciennement sous administration égyptienne.

La contiguïté administrative et symbolique qui fut créée entre l’Etat d’Israël et le nouvel Etat conduisit beaucoup de gens à penser que ces deux entités politiques étaient identiques. En fait, juin 1967 produisit un tel changement qualitatif qu’il est nécessaire de considérer la nouvelle entité comme un Etat entièrement différent. Cela résulte non seulement de l’énorme accroissement territorial et du fait que sa population représentait environ 133% de celle de l’Etat d’Israël ; l’élément le plus important de tous fut la totale renonciation par le nouvel Etat à son ambition d’être essentiellement un Etat démocratique.

En vérité, l’Etat d’Israël n’était pas un modèle de démocratie. Un gouvernement militaire régnait sur ses citoyens arabes qui souffraient de discrimination par rapport aux citoyens juifs. Cela étant dit, la déclaration d’indépendance, qui était ce qui se rapprochait le plus d’une constitution pour le jeune Etat, exprimait sa volonté déclarée de fonder un régime démocratique protégeant les droits de tous ses citoyens, quelle que soit leur race ou leur religion. Dans ces conditions, la fin du gouvernement militaire en 1966 ouvrait la voie à un processus qui aurait transformé l’Etat d’Israël en la seule démocratie du Moyen-Orient.

Le nouvel Etat créé, " l’Etat du Grand Israël ", n’était pas lié par la déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël et n’aspirait pas à devenir un Etat démocratique. Les frontières de cet Etat telles qu’elles étaient présentées, par exemple, dans les bulletins météo dans la presse, à la radio et à la télévision, incluaient la totalité du territoire compris entre la Méditerranée et le Jourdain. Dans les cours de géographie et sur la " mère patrie ", les élèves des écoles publiques de cet Etat apprenaient que les frontières de leur pays allaient de la Méditerranée au Jourdain. Ensuite, au cours d’instruction civique, ces mêmes élèves apprenaient les principes de la démocratie : forme de gouvernement où le peuple élit ses dirigeants. Ce qu’on n’enseignait jamais dans ces écoles c’était le simple fait que le système de la règle démocratique ne s’appliquait que vis-à-vis de la partie des territoires que l’Etat gouvernait. Le fait qu’environ 1/4 des résidents du nouvel Etat ne jouissaient pas de leurs droits civiques, ne pouvaient pas élire leurs dirigeants ni être élus et vivaient sous un régime militaire ne figurait pas dans le plan de la leçon.

Avec le temps, il est devenu clair que la distinction entre les deux formes de gouvernement n’est pas nécessairement territoriale. Un nombre significatif de résidents du territoire placé sous l’autorité d’un Parlement élu allaient s’installer dans les zones placées sous administration militaire - la Cisjordanie et la bande de Gaza. Et, miracle des miracles, ces résidents conservaient leur droit d’élire et d’être élus ainsi que d’autres droits - qui n’étaient pas accordés aux autres résidents.

C’est ainsi que deux groupes en vinrent à cohabiter dans les zones sous administration militaire - les juifs, qui jouissaient de tous leurs droits civiques, et les Arabes palestiniens (sur les terres confisquées desquels s’installaient les nouveaux résidents) à qui l’on refusait ces droits, y compris le droit d’émigrer vers la partie civile de l’Etat. Dans les écoles de ceux qui avaient des droits, on continuait d’enseigner que la discrimination sur la base de considérations raciales, nationales ou religieuses est une chose horrible contre laquelle les êtres humains doivent lutter. Dans ce contexte, de nombreuses heures étaient consacrées à l’étude du racisme visant les juifs en Europe, alors qu’aucun cours n’était consacré à parler de la condition des non-citoyens de l’Etat, résidents de Cisjordanie et de la bande de Gaza.

Le soulèvement des habitants spoliés de " l’Etat du grand Israël " en 1987 était inévitable et allait de soi. Depuis lors, plusieurs tentatives sérieuses de résoudre le conflit ont été faites. Ces tentatives ont échoué à cause de la myopie et de l’irresponsabilité des dirigeants des deux camps, le spolié et le privilégié.

Toutefois, jusqu’à présent, les habitants spoliés continuent d’exiger désespérément leurs droits. Le fait évident que leur soulèvement comporte des attaques horribles contre des privilégiés innocents n’enlève rien à la légitimité de leur revendication de s’affranchir d’une administration non-élue.

Les gens à qui l’on a infligé la responsabilité de réprimer le soulèvement sont les élèves du système éducatif confus de l’ " Etat du Grand Israël ". D’un côté, ce système prêchait la démocratie et condamnait la discrimination fondée sur l’origine raciale et, d’autre part, il traçait des cartes qui rendaient légitime un régime raciste non-démocratique. Aujourd’hui, des centaines d’élèves appliqués qui ont appris l’essence de la démocratie dans des classes d’instruction civique exigent que ces principes soient appliqués dans la réalité ou, au moins, qu’on n’exige pas d’eux qu’ils défendent dans la pratique l’existence d’un régime non-démocratique. Pour cette action, la droite les accuse de trahison et la gauche de saper les principes d’un régime démocratique !

Il y a ceux qui ne placent pas très haut l’égalité civique et la démocratie sur leur échelle des valeurs. Avec ces gens, bien sûr, je peux tout juste établir le dialogue. Avec ceux qui croient encore en la démocratie, il est possible de discuter de la manière désirée d’en appliquer les principes - un grand Etat dans lequel tous les citoyens jouiraient des mêmes droits, ou la division en deux Etats indépendants dans lesquels les citoyens jouiraient des mêmes droits.

Il y a toutefois une chose sur laquelle il ne peut pas y avoir de discussion : quiconque refuse de participer à la négation des droits civiques de millions de personnes ne met pas la démocratie en danger. Au contraire, il se bat pour elle.


SICO (Solidaires des Israéliens Contre l'Occupation)
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